Siri, l’assistant vocal de Apple, a transmis des conversations privées d’utilisateurs aux centres de traitement des données de la firme.
Pour mettre fin au recours collectif dont elle est l’objet depuis 2019, l’entreprise s’est résignée ce 02 janvier 2025 à une entente.
Facture de l’opération : 95 millions de dollars.
Un incident… par accident
En juillet 2019, un journal ébruite l’affaire. Certains utilisateurs des iPhones ont découvert que Siri pouvait s’activer accidentellement et lancer un enregistrement sans leur consentement. Des informations médicales, transactionnelles et d’ordre plus intime sont relatées, qui ont été utilisées pour personnaliser les publicités sur ces appareils.
A l’issue de cette découverte, une onde de choc s’est répandue aux États-Unis.
Le procès ou le chéquier pour Apple
Pour exiger réparation, un recours collectif a été déposé contre Apple en 2019.
Face aux accusations, Apple tient une défense à faces multiples. D’une part, l’entreprise reconnaît clairement que Siri effectivement enregistré des informations sans consentement :
Siri a été conçu dès le début pour protéger la confidentialité des utilisateurs. Les données Siri n’ont jamais été utilisées pour créer des profils marketing et n’ont jamais été vendues à qui que ce soit à quelque fin que ce soit. Apple a réglé cette affaire pour éviter des litiges supplémentaires et afin d’aller de l’avant, alors que nous avions déjà traité les préoccupations concernant la notation par des tiers en 2019. Nous utilisons les données Siri pour améliorer Siri, et nous développons constamment des technologies pour rendre Siri encore plus privé
D’autre part, Apple réfute toute écoute abusive, toute mauvaise pratique et défend fermement son éthique interne concernant la confidentialité de ses clients :
Pour éviter le procès, l’accord préliminaire entre les parties exige la confirmation de suppression des enregistrements litigieux par la compagnie. Apple est également sommée d’expliquer aux utilisateurs l’implication de leurs décisions concernant leurs données, s’ils acceptent de contribuer à l’amélioration de Siri.
Enfin, Apple sera facturée à 20 dollars par appareil compromis – pour 5 appareils au maximum, et quel que soit l’appareil. Sont éligibles à cette compensation, les acheteurs américains d’appareils Apple du 17 septembre 2014 au 31 décembre 2024.
Déductibles des 95 millions de dollars négociés, il faut également compter avec plus d’1,1 million de dollars de dépens et jusqu’à 28,5 millions de dollars d’honoraires.
Des montants symboliques, eu égard à la fortune colossale de la multinationale.
Quid des autres utilisateurs de Siri ?
Dès octobre 2019, soit quelques mois seulement après la révélation, Apple a introduit une option pour que les utilisateurs décident ou non de participer à l’amélioration de Siri. Déployée avec la mise à jour iOS 13.2, elle laisse plus de contrôle au consommateur.
Plus généralement, prudence est mère de sûreté. Si vous avez une envie soudaine de confession, la directive “Shut down Siri” (Arrête-toi, Siri), peut s’avérer plus efficace que la confiance aveugle.
Par ailleurs et pour le bon sens commun, les transactions les plus importantes sont traditionnellement négociées loin de toute technologie.
Pour les plus frileux, vous pourriez également tenter de vivre sans vos téléphones portables quelques heures par jour.
Ou retourner à l’âge de pierre 🥶.
Ou vivre dans la psychose 😶🌫️.
(Mais où est passée la confiance, hein ?)
L’avenir de la confidentialité avec les assistants vocaux et personnels
Appel doit payer pour son erreur. Aussi involontaire soit-elle, nul n’est censé ignorer la loi. L’accord préliminaire a été déposé devant le tribunal d’Oakland (Californie).
Un cas similaire est en cours de jugement dans le même district à San José, Californie. Cette fois-ci, l’assistant vocal de Google se trouve au banc des accusés.
Si la confiance semble fondre comme neige au soleil entre les entreprises technologiques et leurs consommateurs, c’est parce que sa pérennité dépend de la plume du législateur. Face aux récents schémas récurrents d’abus technologiques, une vigilance constante des régulateurs assortie d’une réglementation plus ferme sont les bienvenues.
En définitive, l’époque où l’utilisateur pourra mettre son cerveau en berne pour se laisser materner par la robotique intelligente n’est peut-être pas pour demain la veille.