C’est officiel : OpenAI ne veut plus se contenter d’être un simple laboratoire de recherche.
Dans un billet de blog publié vendredi, la startup a annoncé qu’elle envisage de devenir une société d’intérêt public (Public Benefit Corporation ou PBC) en 2025.
En gros, une société à but lucratif, mais qui prétend toujours œuvrer pour “le bien de l’humanité”.
Noble intention ou simple repositionnement stratégique ?
Un passé empreint d’idéalisme
Petit flashback.
En 2015, OpenAI démarre avec un rêve – développer une IA accessible à tous, sans être freiné par la course aux profits.
Sauf que très vite, ils réalisent que les bonnes intentions ne payent pas les factures de supercalculateurs, la recherche, les équipes…
Alors en 2019, ils font un premier virage pour devenir une organisation hybride : un mix entre une organisation à but non lucratif et une entreprise qui, soyons clairs, doit générer des revenus.
Ce qui leur a permis de lever des fonds auprès d’investisseurs comme Microsoft.
Les profits étaient plafonnés, et l’excédent réinjecté dans la mission sociale.
À l’époque, c’était déjà un compromis bancal, mais qui tenait la route… jusqu’à maintenant.
Aujourd’hui, OpenAI annonce que ce modèle n’est plus suffisant.
Pourquoi OpenAI fait ce virage ?
Pour l’argent évidemment.
Comme je le disais un peu plus haut, depuis 2015, ils sont passés d’un modeste financement philanthropique à des deals à plusieurs milliards.
Et ce n’est pas près de s’arrêter.
Déjà que développer des modèles comme GPT-4o, o1 et o3 dévoilé en avant-première, ça demande des ressources énormes, la startup estime qu’il leur faudra des centaines de milliards pour réaliser leurs rêves d’AGI (intelligence artificielle générale).
Oui, tu as bien lu. Centaines. De. Milliards.
👉 Traduction : les dons et financements plafonnés, ça ne suffit plus.
Alors, où trouver cet argent ? Chez les investisseurs, bien sûr.
Et qui dit gros investissements dit règles du jeu classiques : des actions, des dividendes, ROI et tout le tralala qui va avec.
En devenant une PBC, OpenAI pourra donc lever des capitaux dans des conditions “conventionnelles” tout en continuant à œuvrer pour l’intérêt public, enfin en théorie.
D’ailleurs, ils n’ont pas trop le choix : leur dernier tour de table, qui a permis de lever 6,6 milliards de dollars, inclut une clause bien corsée.
👉 Si la restructuration n’est pas finalisée d’ici deux ans, les investisseurs peuvent récupérer leur mise… avec 9 % d’intérêts. Autant dire que la pression est là.
Mais tout le monde n’est pas d’accord
Pour OpenAI, c’est clair : ce virage est une nécessité pour atteindre ses ambitions.
Mais, la question reste ouverte.
- Peut-on vraiment “servir l’humanité” en jouant selon les règles du capitalisme sans se prendre les pieds dans le tapis ?
- Est-ce que les bonnes intentions suffisent quand on a des actionnaires à satisfaire ?
OpenAI se veut rassurant :
Sauf que tout le monde n’achète pas cet argument.
Elon Musk, en guerre contre OpenAI, s’est publiquement opposé à cette transition en intentant des actions en justice : il estime que la startup s’éloigne de sa mission initiale.
Et il n’est pas seul : Meta aussi s’en mêle, en dénonçant une potentielle distorsion du marché et appelle les autorités à bloquer cette transition.
Mon analyse
En devenant une PBC, OpenAI rejoint des concurrents comme Anthropic ou xAI qui jouent eux aussi sur le tableau éthique/profit.
La différence ?
👉 L’entreprise de Sam Altman continue de jouer les idéalistes.
- Mais est-ce que ce discours tiendra longtemps face à la pression des investisseurs ?
- Est-ce que la société ne finira par céder à la tentation du « profit avant tout » ?
👉 Parce que si les investisseurs injectent des milliards, ce n’est pas pour les beaux yeux d’OpenAI ni pour sauver le monde. Ils misent pour du retour sur investissement, et vite.
Mais malgré mes doutes, je ne peux pas m’empêcher de penser que le PBC a du potentiel.
Pourquoi je veux y croire (un peu)
A mon avis, ce modèle hybride pourrait vraiment être une bonne option pour maintenir cet équilibre fragile entre profit et impact positif.
Le problème, c’est que cette approche n’est pas sans risques.
Donc pour que ça marche, OpenAI devra être irréprochable sur plusieurs fronts :
- Clarifier sa gestion : Qui contrôle quoi ?
- Rendre des comptes : Où va l’argent ? Quels sont les résultats pour l’intérêt collectif ?
- Éviter les dérives : Résister à la tentation de maximiser les profits à tout prix.
Alors, noble intention ou repositionnement marketing ?
Honnêtement, j’hésite.
J’ai envie de croire qu’ils peuvent trouver un équilibre, mais je ne suis pas naïve.
Si OpenAI joue le jeu de la transparence, qu’ils posent des limites claires et qu’ils respectent leur engagement public, pourquoi pas ?
Mais s’ils dérapent, ils risquent de devenir le symbole d’un idéal broyé par la machine capitaliste.
👉 Ce qui m’inquiète aussi, c’est que cette transition pourrait ouvrir une porte dangereuse.
D’autres pourraient suivre l’exemple d’OpenAI en camouflant des objectifs purement financiers sous un vernis humanitaire.
Jusqu’où peut-on aller pour séduire les investisseurs tout en prétendant servir l’intérêt général ?