Apple a demandé à participer au procès antitrust contre Google pour défendre leur partenariat sur la recherche sur ses appareils. Le dossier a été déposé le lundi 23 décembre 2024 à Washington. Il s’agit de préserver un positionnement stratégique avec, à la clé, un gain annuel de 20 milliards de dollars pour la marque à la pomme.
Parmi les arguments pour maintenir l’accord Apple-Google, l’entreprise évoque ses politiques de confidentialité, ainsi que l’évolution de l’IA et enfin les coûts.
Défendre les intérêts communs
Google s’est lassé d’avaler des couleuvres à répétition face à la justice. Suite à son déboutage – dont l’entreprise compte faire appel – Google a entrepris de tuer le mal à la racine.
Pour rentrer dans le moule de la DOJ, l’entreprise a proposé de reconsidérer ses accords mis en cause.
A ce titre, les contrats avec les opérateurs de téléphonie mobile, les développeurs de navigateurs et les fabricants d’appareils mobiles seront révisés. Apple et Mozilla recevront toujours leur chèque, mais sans obligation d’exclusivité.
Or de son côté, Apple n’envisage pas de créer son propre site web. Alors, pourquoi se défausser de l’appui de Google ?
Parce que question rentabilité, l’entreprise a engrangé environ 20 milliards de dollars en l’espace d’une seule année (2022).
Aussitôt dit, aussitôt fait : Apple a déposé une requête pour être une partie prenante au procès antitrust et faire entendre sa voix.
Apple va à la rescousse de Google
Apple a l’intention de se présenter au tribunal en avril prochain, flanqué de témoins.
L’objectif : obtenir des procureurs qu’ils renoncent à leur exigence de démembrement de Google, en particulier la vente de Chrome et Android.
Des arguments qui comptent
Apple gagne grâce à Google, mais pas seulement sur le plan financier. Si la marque à la pomme s’émeut du sort de son partenaire, c’est parce qu’elle risque gros si Google cède.
Premio, Apple – la prospère marque Apple – ne dispose pas des fonds pour créer son propre moteur de recherche. Ses ressources humaines et financières sont occupées sur d’autres projets plus intéressants.
Deuxio, l’IA dans la recherche couve un potentiel aussi illimité que les risques économiques associés. Aussi, Apple a choisi de se passer d’y investir massivement.
Tertio, la vente en ligne de publicités supportant obligatoirement la recherche en ligne, ce n’est pas sa tasse de thé. Ni sa spécialité. Alors, autant déléguer pour satisfaire ses utilisateurs sans trop se mouiller.
Car malgré les apparences, l’intervention d’Apple n’a rien de spontané.
Un dilemme insoluble
Apple est sous le feu de la rampe. Soit l’entreprise maintient Google sur ses appareils gratis. Non seulement, Google piochera les données des utilisateurs connectés sur les terminaux d’Apple, mais Apple devra combler dans son budget, un trou annuel de 20 milliards de dollars.
Soit Apple vire Google de ses appareils : c’est un autogoal ! Car ses clients, actuellement satisfaits de Gemini, seront contrariés suite à la dégradation de l’expérience de recherche. Dans ce second cas, la suite s’évalue en termes de potentielle perte colossale de chiffre d’affaires. Les experts parlent d’un tiers de perte brute et d’une chute de cash flow de 8%.
On pourrait bien demander l’avis de Google. Après tout, sa situation précaire a provoqué ce remue-ménage, n’est-ce pas ? Sauf que la firme de Mountain View a sa survie à assurer et d’autres chats à fouetter. Donc aucun commentaire de Google, pour le moment.
Et en creusant un peu, tout s’explique. Si la DOJ supprime tout de même l’accord entre Google et Apple :
- L’effet sur la part de marché de Google sera microscopique, une simple piqûre de moustique
- Firefox Mozilla, qui dépend et ne survivra probablement pas au retrait de la manne de Google, disparaîtra (donc moins de concurrence)
- Google encaisse 20 milliards de dollars par an. C’est le jackpot !
En somme, Google est puni et ce sont ses alliés qui boivent la tasse.
Pour l’utilisateur lambda, d’autres intérêts sont en jeu. Possédez-vous des actions Google ? Si oui, elles doivent vous brûler les doigts mais patience… patience : les revirements spectaculaires en bourse sont légions, et malgré les couacs récents, la haute technologie reste un étalon de choix.
Alliances et… mésalliances
Accusé, levez-vous ! Si Apple décide de mettre la main à la pâte pour son allié, ce n’est pas que pour des motivations économiques. L’entreprise estime que Google est incapable de défendre ses positions tout seul :
Solidarité, où es-tu ?
Finalement, préserver les apparences constitue le cadet des soucis d’Apple, alors qu’elle s’implique ouvertement dans l’affaire Google. Il s’agit plutôt de sauver la caisse (l’accord de services d’information) et d’économiser du temps pour les affaires qui comptent.
Attention, Apple : la carotte du profit constitue peut-être le chemin le plus sûr pour donner à la DOJ le bâton pour se faire battre.
L’initiative intrépide de mettre les pieds dans le plat de la justice pourrait bien tourner court. Et alors d’autres pays pourraient demander à croquer, à leur tour, un bout de pomme.