Si tu suis l’actu de l’IA, tu n’as pas raté l’information : DeepSeek une entreprise chinoise d’IA a sorti un modèle aussi bon que o1 d’OpenAI pour seulement 6 millions de dollars.
La nouvelle a secoué le marché au point que Nvidia a perdu près de 600 milliards en bourse.
Et des débats se sont enflammés. Même Trump a lâché son tweet de service pour rassurer la galerie. Mais au-delà des discours bien lisses des GAFAM, un CEO s’est démarqué : Dario Amodei, le patron d’Anthropic, qui a préféré sortir le lance-flammes.
Et comme j’aime chercher la petite bête noire, je me suis amusée à analyser quelques-uns de ces argumentaires
Parce que oui, DeepSeek n’a pas “explosé” l’écosystème, mais Amodei n’est pas non plus un arbitre neutre dans cette histoire.
Les coûts d’entraînement ont naturellement baissé
Amodei relativise en disant que :
DeepSeek ne fait pas « pour 6 millions de dollars ce qui a coûté des milliards aux entreprises d’IA américaines
Traduction : “Calmez-vous, les gars. Ce n’est pas si impressionnant.”
Il explique que Claude 3.5 Sonnet, l’un des modèles phrare de sa boîte, a été entraîné pour quelques dizaines de millions – pas des milliards.
Mais surtout, il souligne un point clé : les coûts d’entraînement ont naturellement baissé avec le temps.
👉 Oui, c’est vrai : les techniques d’optimisation progressent, les GPUs sont mieux utilisés, et on apprend à entraîner les modèles avec plus d’efficacité.
👉 Mais c’est un peu facile non : DeepSeek a réussi là où d’autres startups se cassent les dents. Pourquoi eux, et pas d’autres ?
Si c’était aussi facile pourquoi OpenAI n’a pas réussi cet exploit avec ses modèles o1 ou o3 ?
A mon avis, ce que DeepSeek a réussi, ce n’est pas juste “profiter des économies d’échelle”. C’est réaliser en quelques mois et avec un budget serré ce que des géants peinent à produire avec des milliards.
DeepSeek n’est pas une petite entreprise ? Ok, mais ça change quoi ?
Amodei dit par ailleurs que :
Il a été rapporté – nous ne pouvons pas en être certains – que DeepSeek disposait en réalité de 50 000 puces de génération Hopper , ce qui, je pense, représente environ 2 à 3 fois plus que ce que possèdent les principales entreprises américaines d’IA. Ces 50 000 puces Hopper ont coûté environ 1 milliard de dollars.
Il sous-entend donc que DeepSeek n’a rien d’un petit joueur qui se bat avec trois bouts de ficelle, et qu’il n’y a pas de surprise à ce qu’ils arrivent à suivre OpenAI et Anthropic.
Même si c’est vrai, cela ne signifie pas que toutes ces ressources ont été utilisées pour V3/R1.
Mais là encore, c’est une façon habile de détourner la question.
💡 Ce qui frappe ici, ce n’est pas que l’entreprise chinoise ait des moyens, mais qu’elle arrive à faire aussi bien que les Américains avec beaucoup moins de financement en ce qui concerne l’entraînement du modèle.
Ça casse le mythe du “l’IA coûte forcément une fortune”.
Et ça, c’est une menace pour les boîtes américaines qui justifient leur dépendance aux investisseurs en expliquant que l’IA coûte “extrêmement cher”.
👉 OpenAI justifie par exemple son virage lucratif en expliquant que l’IA avancée demande toujours plus de calculs sans oublier son projet Stargate à 500 milliards de dollars.
R1 : beaucoup de bruit pour une simple mise à jour
Dario Amodei a aussi minimisé DeepSeek-R1, expliquant qu’il n’apporte rien de vraiment nouveau.
✅ Il n’a pas complètement tort. DeepSeek-R1, c’est juste un modèle affiné avec de l’apprentissage par renforcement, une technique que tout le monde utilise déjà (OpenAI, Anthropic, Google…).
❌ Mais il oublie un truc essentiel.
Dans la course à l’IA, ce n’est pas toujours l’innovation brute qui compte, mais la capacité à rivaliser avec les leaders.
- DeepSeek est chinois.
- Les États-Unis tentent de limiter leur accès aux puces Nvidia.
- Et pourtant, ils arrivent à sortir un modèle qui inquiète les Américains.
Si DeepSeek-R1, qui est désormais disponible sur Azure, était aussi anodin, Nvidia n’aurait pas perdu 17 % en bourse.
Amodei sous-estime ce que ça signifie : le monopole américain sur l’IA est en train de se fissurer.
Un rattrapage technologique et pas une révolution ?
Nous nous trouvons donc à un point de croisement intéressant, où plusieurs entreprises peuvent temporairement produire de bons modèles de raisonnement ». Cela cessera rapidement d’être vrai à mesure que tout le monde progressera dans la courbe d’évolution de ces modèles.
Enfin, Amodei insiste sur le fait que le marché se stabilise et qu’on assiste à une normalisation.
✔ Il a raison : on est passé d’un monopole OpenAI à un marché où plusieurs acteurs (Google, Mistral, Meta, DeepSeek…) peuvent proposer des modèles compétitifs.
Selon lui, les entreprises américaines rattraperont rapidement leur retard, c’est plausible, étant donné leur budget et ressources en R&D.
❌ Mais son discours sert aussi les intérêts d’Anthropic.
En minimisant DeepSeek, il envoie un message aux investisseurs et aux partenaires d’Anthropic :
👉 “Pas de panique, on garde une longueur d’avance.”
👉 “On est toujours les leaders, rien ne change vraiment.”
Or, les choses changent bel et bien. L’IA devient moins centralisée, la Chine avance plus vite que prévu, et le coût de l’innovation baisse… même si Amodei aimerait faire croire que tout est sous contrôle.
Ce qu’on retient au final
- DeepSeek a prouvé qu’on peut créer un modèle de pointe avec un budget ridicule (comparé aux géants US).
- Amodei a raison sur certains points techniques, mais son discours est clairement orienté pour minimiser l’impact.
- Le monopole américain sur l’IA est en train de se fissurer.
Et ça, peu importe combien de communiqués rassurants les PDG d’entreprises d’IA publieront.
Son discours n’est pas mensonger, mais il est stratégique.
Au lieu de reconnaître que la Chine vient de marquer un point, il minimise, ridiculise, détourne.
Il plaide également pour un blocus technologique renforcé contre la Chine. Officiellement, pour protéger l’avantage stratégique des États-Unis. Officieusement ? Pour éviter qu’un concurrent sérieux n’émerge.
Traduction : l’hégémonie ou rien.
DeepSeek, c’est peut-être « des jouets d’hier » selon Amodei, mais visiblement, il veut quand même s’assurer qu’ils restent dans la boîte à jouets. Parce qu’au fond, la vraie peur, ce n’est pas que la Chine copie l’IA américaine. C’est qu’elle fasse mieux..
A toi de jouer
Et toi, que penses -tu des points vue de Dario Amodei ? DeepSeek est-il une vraie menace, ou juste un concurrent de plus ? Donne ton point de vue sur les réseaux sociaux en partageant cet article.